Un secret halo de rose - Léonnic Asurgi
PRÉSENTATION
« Je me sens bien, animé d’un sentiment de plénitude. Les yeux plissés en guise de protection solaire, je respire profondément, hyperventilé, et tout un tas de fictions et scenarii me pénètrent, me traversent, se bousculent. L’inspiration revient comme un cheval au galop, à la vitesse de la marée montante. Je médite. Je somnole. Je m’évade, néo adepte de contemplation. Je platonise. La journée a fusé, si j’en crois le ciel qui commence à rosir, formant des halos entre ciel et mer, entre chien et loup. Sans emphase il y a encore peu de temps, je suis désormais en phase de réanimation. Sans envie il y a si peu de temps, je suis désormais en vie. »
Ronan est en détresse depuis la mort de son meilleur ami. Un banal accident de la route aux abords d’un rond-point damné. Que s’est-il vraiment passé ce soir-là ? Ronan ne sait plus très bien. Pourtant, il était aussi dans la voiture. Depuis, ses souvenirs s’entrechoquent, brouillent sa mémoire et les pistes, le mènent à l’impasse. Harcelé par le père du défunt, otage de ses propres démons et hallucinations, lâché par son psy, il s’exile alors sur le phare de la Vieille, au large de la pointe du Raz, où il vivra une odyssée aussi salvatrice qu’extraordinaire, aux confins de l’irréalité.
170 pages - broché - Tarif public : 17 euros.
17,00 €
Prix final, frais de port non compris
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Myriam Supplicy (mardi, 28 août 2018 17:58)
Je me suis plongée dans « Un secret halo de rose » de Léonnic Asurgi. Le titre, quelque peu énigmatique, ne dévoile rien de ce qu’il se cache sous la couverture.
J’avouerais même qu’après avoir intégralement lu ce roman, j’hésite à le classer dans une seule des catégories suivantes :
- psychologique
- action / suspens
- policier
Ce roman met en scène plusieurs acteurs.
Tout d’abord, Ronan, agent immobilier et auteur raté, qui perd son meilleur ami Tristan.
Bondoux, le père du défunt, qui harcèle l’écrivain. Il veut comprendre comment son fils a pu mourir au volant de la voiture de Ronan, avec celui-ci à ses côtés.
Un rond-point, serial-killer.
Un phare chargé d’histoires, de fantômes et de personnes bien réelles, mais pas forcément bien intentionnées.
Un thérapeute déjanté, un éléphant rose et d’autres personnages plus insignifiants.
Après un début plutôt « canapé » (fauteuil de voiture, divan de psy,…), l’action prend la main et nous entraîne dans les embruns, sous un hélicoptère ou derrière les taillis.
Léonnic Asurgi écrit tel un funambule. Il avance par des arabesques écrites, qui forment de très jolis détours. Même si parfois il semble sortir du sujet, on retrouve finalement le lien et l’ensemble de l’œuvre garde toute son unité.
La spécialité de l’auteur : les mots chaussettes ! Je les ai baptisés ainsi pour une raison simple : quand vous faîtes une lessive de sous-vêtements, vous vous retrouvez avec un tas de chaussettes, que vous assemblez selon leur ressemblance. Et bien Léonnic Asurgi fait de même avec les mots.
Exemple : Ma reine au cou lisse coulisse de haut en bas.
Comme avec la lessive, ça marche à 90 %. Parfois, l’accord est un peu bancal ou maladroit. Mais l’auteur maîtrise les mots sans nul doute. Avec délicatesse, avec poésie, il nous enchante.
"Hier, j’ai navigué toute la journée. Sur Internet. Il a plu des cordes à se passer autour du cou sans discontinuer."
Je ne peux que vous recommander la lecture « Un secret halo de rose » (voyez-vous le premier jeu de mots ?), car il nous accroche, nous surprend et apporte des rebondissements inattendus (mais totalement cohérents) jusqu’à la dernière page.
Marmite aux Plumes (mercredi, 23 mai 2018 17:19)
Un secret halo de rose est un roman assez court, mais non moins dense. Il faut avouer que l’écriture participe à notre lecture lente, vouée à décortiquer chaque mot, chaque terme, chaque syntaxe, travaillés par l’auteur. L’on peut penser que c’est indigeste, mais en réalité, nous pouvons plutôt nous pencher sur la subtilité qui se cache dans l’intrigue elle-même. Il suffit de prêter attention aux petits détails, notamment lorsque les refus qu’essuie Ronan sont expliqués. Nous n’irons pas en révéler la teneur, en revanche, ils donneront un indice sur le petit jeu et/ou défi que s’est lancé l’auteur (si tel est bien le cas). À partir de l’instant où l’on accepte de mettre un pied dans cette danse menée d’une bonne main, l’on peut finir par se familiariser avec cette « lourdeur » narrative. C’est un parti pris qui semble tout à fait conscient. Le lecteur doit lâcher prise et se dire « Allez, pourquoi pas ? » En outre, un effet miroir avec les manies de Ronan, ses tocs d’écriture. Pourrions-nous parler d’autodérision ?
Le texte est parsemé de jeux de mots plutôt amusants, créant une gymnastique de l’esprit sans que nous en ayons bien conscience. Vous pourriez parfois être surpris de vous arrêter en pleine lecture pour réfléchir au sens, l’intérêt ou à la pertinence. Une petite risette soulèvera le coin de vos lèvres ou une petite moue d’incompréhension, de scepticisme. C’est un des points agréables de ce petit roman : celui de diviser les avis, mais d’unifier le tout dans cette quête de réflexion tant sur le plan littéraire que sociétal.
Oui, en plus de l’aventure de Ronan, on peut parfois avoir l’impression de plonger dans une partie de Cluedo, en quête du moindre indice, du moindre jeu de mots qui en dirait trop.
Le roman se divise en quatre parties. Certains sont d’un point de vue externe, d’autres interne. Là encore, une subtilité que nous vous invitons à découvrir ! Encore une preuve que Léonnic Asurgi a tout de même réfléchit à sa trame narrative avec le plus grand soin.
Ronan est un protagoniste ambigu, très particulier. Difficile de savoir si nous l’apprécions ou non. Certaines de ses actions et/ou introspections peuvent nous pousser dans nos retranchements ou dans nos interrogations. Mais à quoi joue-t-il ? Qui est-il ? Pourquoi ? Où ? Comment ? C’est un héros avec un grand « ? » qui se balade et que nous suivons avec beaucoup de curiosité, attentifs à la chute finale.
Nous rencontrons aussi Goulien, un psychiatre farfelu qui, lui aussi, nous tiraille d’une appréciation à l’autre. En réalité, nous sommes très loin d’un traitement manichéiste des personnages. Nous en sommes même bien loin de sa conception, même si c’est, par exemple, l’un des points sur lequel Ronan se questionne. Nous avons en plus le père de Tristan qui gravite autour du protagoniste principal, assez perturbant, dérangeant… mais que l’on peut comprendre à la fois à défaut de pleinement l’apprécier.
Vous l’aurez compris, ce roman est plutôt original, avec ce côté presque parfois burlesque constitué de tous ces personnages, cette trame qui nous surprend d’une page à l’autre, ces longues et interminables introspections qui partent dans tous les sens… Nous en venons à nous demander si tout cela est bien réel dans la vie de Ronan au vu nombre de fois où nous en restons cois, lisant encore et encore le paragraphe précédent pour être certains d’avoir bien compris, si Ronan est bien en train de penser, rêver ou halluciner. Une nouvelle particularité ? Oui, c’est fort probable. Un second jeu en plus d’une petite enquête, de cette reconstruction de soi, des retrouvailles avec l’être-soi, de ces évasions, remises en question, etc.
C’est fou comme un simple rond-point (#ViveChante-pie), un phare, une recherche Google […] peuvent en réalité déboucher sur des réflexions frôlant la matière philosophique ! Même si la plupart sont tournés avec dérision et humour, nous finissons tout de même par nous y arrêter.
Et que dire de la chute finale ? Pour les plus attentifs, vous percerez à jour l’issue plus vite que vous ne pourriez l’espérer… quant à ceux qui le sont moins, quelle surprise !
Un secret halo de rose est un roman fort sympathique, évoluant en Bretagne d’une ville à une autre, d’un coin à un autre, qu’il faut prendre le temps d’analyser avec beaucoup de concentration au vu de cette gymnastique constante que cette lecture exige. Sauf si — ce qui est tout à fait possible aussi — vous souhaitez l’aborder avec beaucoup de légèreté. Il est tout à fait vraisemblable — du moins, nous le croyons —, que deux types de lecture soient envisagées. Tout dépend de votre état d’esprit !
Surtout, il faut accepter de jouer le jeu.
Iriez-vous en Bretagne rencontrer cet hurluberlu de Ronan afin de faire votre propre avis ?
Et « sinon, à part ça, rien à signaler. Jusqu’ici, tout va bien » !